Mais sans le tollé général né des activités militantes de la Campagne ROSA et notre vidéo devenue virale, cette condamnation n'aurait pas eu lieu. La lutte paie !
Depuis la principauté d’Andorre où il vit pour raisons fiscales, Jeff Hoeyberghs a appris sa condamnation pour incitation à la haine et à la discrimination. Avec la condamnation de Bart De Pauw, il s’agit d’un signal important : le sexisme n’est plus toléré. Mais sans le tollé général né des activités militantes de la Campagne ROSA et notre vidéo devenue virale, cette condamnation n’aurait pas eu lieu. La lutte paie !
Le KVHV, un cercle catholique d’extrême droite
Mais le cercle étudiant d’extrême droite KVHV qui avait organisé il y a deux ans cette conférence avec Hoeyberghs à l’université de Gand est resté largement impuni. Le KVHV s’en est tiré avec une légère suspension (durant la période des fêtes et les examens…) et est toujours officiellement reconnu par l’université. La droite n’a pas hésité à profiter d’une campagne du journal Het Laatste Nieuws contre l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes, qui a utilisé ses subsides pour se constituer partie civile dans le procès contre Bart De Pauw, pour remettre en cause les moyens publics de l’organisation. Par contre, il n’y a pas eu un mot de ce côté-là pour parler des subsides et de l’accès aux infrastructures universitaires dont bénéficie le KVHV pour répandre sa haine et son sexisme. Nous exigeons l’exclusion du cercle étudiant KVHV de l’UGent : pas de subsides ni d’accès aux infrastructures universitaires pour la haine ! Si les membres du KVHV ont une telle vision des femmes, ce n’est pas par hasard, cela découle de leur approche idéologique, une variante extrême du fameux « diviser pour mieux régner » des partis politiques traditionnels. Tant que notre santé et notre bien-être ne seront pas prioritaires par rapport aux profits de l’élite, cette dernière se servira du racisme, du sexisme, de la LGBTQIA+phobie… pour détourner l’attention de sa propre politique antisociale.
Bart De Wever n’est pas en reste…
Le président de la N-VA, Bart De Wever, s’est empressé de minimiser les déclarations « répréhensibles » de Hoeyberghs en les considérant comme une simple « expression d’opinion », une liberté qui ne peut être restreinte. Son collègue – nous avons presque écrit « collègue de coalition » – Georges-Louis Bouchez du MR a décrit sur Twitter ce qu’il y fait tous les jours : « Dans un État de droit démocratique, les opinions et les déclarations idiotes, malencontreuses ou irritantes sont également possibles. » D’ailleurs, ces politiciens n’accordent pas cette « liberté » à tout le monde. Comme le fait remarquer le professeur Dirk Voorhoof : « Il est remarquable que ceux qui critiquent aujourd’hui la loi sur le sexisme et la loi sur le genre exigent que les demandeurs d’asile ou les réfugiés acceptent les principes fondamentaux de notre démocratie et des droits humains, notamment le respect de l’égalité entre femmes et hommes. » A son retour d’Andorre, Jeff Hoeyberghs devra-t-il passer les examens d’intégration que la N-VA et consorts veulent imposer aux nouveaux arrivants ?
La haine sexiste
Une majorité écrasante de femmes doit faire face à un moment ou à un autre de sa vie à une agression sexuelle. Une étude de l’ONU-MENAMAIS (Comprendre les mécanismes, la nature, l’ampleur et l’impact de la violence sexuelle en Belgique) a établi que 78% des femmes subissent une forme d’agression sexuelle sans intervention, 42% une forme d’agression sexuelle avec intervention. Ce dernier chiffre grandit, notamment en raison de la pression sociale croissante qui résulte du combat féministe.
La droite ne nie pas la gravité des violences sexistes, mais affirme qu’il faut faire la distinction entre « incitation à la haine » et « incitation à la violence », une distinction très artificielle. L’incitation à la haine des membres du KVHV de Gand organisée dans le groupe d’extrême droite Schild&Vrienden a conduit à des violences contre des militants syndicaux, des migrants, des opposants politiques et à l’apologie dela violence et des armes. La conférence du KVHV avec Jeff Hoeyberghs avait pour but explicite de repousser les limites de ce qui est « acceptable », notamment en termes de sexisme. L’extrême droite regrette que les luttes sociales ont eu pour effet que ce qui était toléré il y a quelques décennies n’est plus acceptable aujourd’hui.
Après son passage à l’Université de Gand, Hoeyberghs a déposé plainte contre Emily Burns et Mai Vermeulen, deux responsables de la Campagne ROSA, pour « calomnie » et « diffamation », puisque nous avons organisé une action de protestation lors de la conférence du KVHV et ensuite accusé Hoeyberghs de sexisme. La « diffamation » a consisté à rendre publiques certaines déclarations de Hoeyberghs lui-même… Il ose se présenter comme une victime ! Il a par ailleurs déclaré à notre sujet : « À mon avis, il s’agit d’une machine internationale bien huilée de facture communiste et dont le but ultime est la subversion des États occidentaux. » Le fait que la lutte contre le sexisme soit une partie importante de la lutte pour un changement de société à l’échelle internationale est un fait… Selon lui organiser une action de protestation serait irrecevable. Comment peut-il oser utiliser l’argument de la « liberté d’expression » ?
« Liberté d’expression »
L’extrême droite et la droite conservatrice n’invoquent la liberté d’expression que lorsque cela les arrange, par exemple pour protéger leurs propres jeunes. De nombreux membres du KVHV, dont des militants de Schild&Vrienden, se sont retrouvés dans la N-VA et le Vlaams Belang a même fait du chef de cette milice privée un député à la Chambre. Aujourd’hui, il n’y a pas une seule action d’extrême droite sans slogan contre les « rats de gauche ». Le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken estime que les joueurs de football comme Lukaku n’ont pas le droit de proclamer leur soutien au mouvement Black Lives Matter. La N-VA estime que le droit de grève doit être sévèrement limité. Non, il ne s’agit pas d’une question de liberté d’expression, il s’agit de la construction d’un rapport de force dans la société. La lutte contre le sexisme passe aussi par la construction d’un rapport de force dans la société, mais en faveur de la classe travailleuse et donc de la majorité de la population au lieu de la classe capitaliste qui aujourd’hui, pour défendre ses profits, a besoin de divisions telles que le sexisme, le racisme ou l’homophobie. Le renforcement des mouvements de lutte est un élément important de la création d’un rapport de force. Le sexisme structurel est ancré dans la société capitaliste et ne sera pas stoppé par des décisions de justice. D’autre part, la condamnation de Jeff Hoeyberghs est l’expression de la pression sociale croissante pour ne plus accepter la haine sexiste. La Campagne ROSA continue de s’appuyer sur cette pression, comme nous l’avons fait lors de l’action contre la conférence sexiste du KVHV à l’université de Gand. Nous lions cela à la nécessité d’une transformation totale de la société. Soutenez le féminisme socialiste, participez aux actions du 8 mars, rejoignez la Campagne ROSA !
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